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L'obscurité était tombée depuis longtemps, l'artillerie continuait à pilonner à courte portée sa capitale, ses jardins, ses palais, parfois d'un carrefour à l'autre, lorsque l'Impératrice se rendit compte qu'Elle était seule. Elle se souvint de ses beaux légionnaires, de ses gardes Sibériens tous tombés au cours de ces dernières journées comme si cela c'était passé dans une autre vie, très lointaine. Elle marchait le long des restes d'une avenue plongée dans le noir jadis bordée de roses sublimes aux senteurs printanières, elle croisait des rues désolées, sans plus la moindre lumière sinon celle des incendies, parfois discernait une ombre fuyante, un groupe de silhouettes à peines distinctes de la nuit, elle semblait traverser une ville qui n'avait jamais existé...
D'ailleurs, ses jardins de roses avaient-ils jamais existé ? Irendol n'était elle pas le résultat d'un rêve devenu cauchemar qui désormais disparaissait dans sa propre ténèbre ? La capitale de sa verte nation paradigmatique qu'Elle avait tant rêvé n'était elle pas devenue le symbole de la Chute ? Le Jardin devenu ville n'était il pas finalement le point nodal de la décadences, la limite abyssale avec la cyber-réalité de compromis durables qu'elle avait engendré ?
L'Impératrice marchait dans la direction du coucher du soleil, la ligne rouge incarnat du crépuscule avait disparu de l'horizon mais pas de sa mémoire cache. Elle marchait dans la nuit la plus totale, celle qui tombait sur l'ancienne triste et insignifiante capitale verdoyante. Elle marchait sans même savoir qu'elle marchait. Elle marchait sereine d'une étincelante certitude. Elle marchait dans sa propre lumière murmurant d'ancestraux mantras dans les ruines d'une ville jardin où l'obscurité semblait surgir de l'intérieur, une substance noire révélée par sa propre auto-destruction. Elle marchait dans le minuit perpétuel que les froques démoniaques avaient semé sur leur passage.
Elle avançait épaulant régulièrement son fusil mitrailleur, sa lunette infra-vampirikra lui permettait de distinguer les formes dans l'obscurité peuplée du feu des incendies, c'est ainsi qu'elle les vit. Il n'était pas encore minuit, mais c'était comme si le soleil avait disparu jusqu'à la fin des temps. Les cinq hommes dans leurs complets de bourreaux sortaient du dernier bâtiment encore debout, son propre Palais, ou plutôt ce qu'il en restait. A la fenêtre du premier étage l'Impératrice aperçut une forme qu'elle reconnut sur le champs, accrochée au balcon qui donnait sur l'avenue principale, juste sous le drapeau vert qui flottait, noirci, au bout de sa vergue. Ils avaient pendu une femme. En pyjama. Sa Régente que l'histoire oubliera.
L'un d'eux portait une lourde valise de cuivre fauve, un autre un gros sac de paquetage militaire bleu marine. Elle, les voyait attendre dans la lumière infrarouge, son cerveau méta-connecté établit le diagramme des évènements sans même qu'elle le veuille, son cerveau qui était à cet instant précis l'extension de la nuit, son cerveau impériale qui était l'extension de la toute puissance de la volonté de son peuple en fuite.
- Mmmmhhhh... fit elle, insinuant par là que tout allait malgré tout pour le mieux dans le meilleurs des cyber-mondes.
Pour preuve les lascars jetaient à ses pieds : la valise pleine de papier-dollars et ce sac de la marine militaire brune d'où s'échappaient des cristaux rouges, verts, de la joaillerie d'argent en vrac, des colliers de perles, des bijoux de platine, de vermeil ainsi que quelques lingot d'or... Bref tout un tas de trucs utile pour une Impératrice qui doit prendre le large et se refaire une garde-robe.
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