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Azure
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« Je reviens, ma chérie. A tout de suite. »
Maman était partie depuis un moment, à présent. Azure, assise dans un coin sombre, son manteau serré autour d’elle, n’avait pas quitté la sortie des yeux. Un coup de tonnerre retentit, et la petite fille sursauta. Elle avait peur de l’orage. Au bout d’un moment, la pluie commença à tomber, et elle se recroquevilla, la tête entre les genoux. Au loin, elle entendait parfois le grondement sourd d’un effondrement.
Tout près de l’enfant, un morceau de plafond tomba, puis explosa en mille morceaux de verre, laissant l’averse pénétrer le bâtiment. Azure sursauta de nouveau, plus violemment, et quelques sanglots la secouèrent. Elle détestait la foudre, bien sûr, mais pas autant que la pluie. Fourbe et vicieuse, elle pouvait se glisser dans les moindres recoins. Elle vous brûlait la peau et vous gelait les os, détruisait tout sur son passage. Quand il pleuvait, on n’était jamais vraiment à l’abri.
Elle resta repliée sur elle-même longtemps après que la pluie se fut arrêtée. Lorsqu’elle releva la tête, il faisait légèrement plus clair. Elle regarda autour d’elle et constata les dégâts que l’eau avait faits : ici et là, dans les murs de verre, des trous étaient apparus, et le mobilier austère de la pièce était en miettes. Azure se releva et s’approcha du seuil de la Tour. Pendant un long moment, elle parcourut du regard la désolation qui s’étendait devant elle. Partout où elle posait les yeux, ce n’était que poussière d’un bleu scintillant qui recouvrait tantôt d’une fine couche rues et bâtiments, et qui tantôt les ensevelissait.
Un moment, elle espéra voir Maman revenir, le souffle court d’avoir couru trop vite pour éviter la prochaine averse, mais elle n’arrivait pas. La petite fille s’assit là, sur le pas de la porte, et attendit. Le jour tomba, la nuit s’éleva, s’étira, se retira enfin, laissant place à la lueur grise et morne de l'aube.
« Il faut souvent changer d’abri, avait dit une fois Maman. Le lierre protège tout ce que les gens ont abandonné. Mais quand on s'installe dans un bâtiment couvert de plantes, elles meurent et se dessèchent au bout de quelques heures. Alors, la pluie peut s'attaquer à la Tour, et tu dois changer d'abri.
- Pourquoi il fait ça ? Ça arrive à chaque fois ?
- A chaque fois, avait répondu Maman. Il faut faire avec. On n’a pas trop le choix. »
Elle avait fait une pause, puis elle avait pris Azure dans ses bras.
« D’ailleurs, si un jour je ne suis plus là et que le lierre est mort, tu devras partir sans moi. Tu me le promets ?
- Non ! Papa est pas rentré, et si tu t'en vas aussi, je serai toute seule. J'ai pas envie de rester sans toi. »
Un peu surprise d’abord, Maman avait souri devant l’air déterminé de sa fille, lui avait frotté la tête et n’avait rien dit de plus.
La petite fille se réveilla en sursaut. Elle chercha Maman du regard, ne la trouva pas. Quelques larmes roulèrent sur ses joues, puis elle fit ce qu’elle avait à faire, ce qu’elle avait refusé de promettre.
Azure se releva et, au hasard, se mit en route, hagarde
Elle déambula un moment dans les rues défoncées, au milieu de souvenirs des temps passés. Ici, une voiture sans ses roues, là un panneau enveloppé de lierre. Tout autour, à perte de vue, des Tours de verre. Certaines, rares, encore debout. La plupart effondrées ou couchées sur le sol. Mais nulle touche de vert sur aucune d’elle. Rapidement, la faim et la soif se firent sentir. Maman était partie chercher de quoi manger, mais elle n’était pas revenue. Sans doute surprise par la pluie. Elle ne la reverrait peut-être jamais. Ses yeux s’embuèrent à nouveau, mais elle ne ralentit pas.
Elle sortit sa gourde et but les dernières gouttes qu’il lui restait. Ses pieds la brûlaient – la poussière meurtrissait la peau nue. Elle marcha ainsi une heure durant. La fillette tremblait de peur à l’idée que l’averse ne reprenne. Enfin, elle aperçut, plus loin, un bâtiment couvert de verdure. Elle pressa le pas, commença à courir. Trébucha. Elle resta un moment à plat ventre, sur une surface heureusement sèche, puis roula sur le dos, tenta de se relever, mais ses jambes ne voulaient plus bouger. L’enfant retomba, exténuée, et observa le ciel.
Il était gris. Comme toujours. Foncé par endroits, presque noir ; ailleurs, il rappelait la neige. Parfois, on entrevoyait le soleil, petit disque de lumière pâle qui peinait à traverser les nuages. Maman avait dit une fois que le ciel était bleu, avant. D’un bleu profond, toujours changeant, où trônait un soleil majestueux qu’on ne pouvait pas regarder en face. Maman avait admiré ce ciel, et regrettait de ne plus pouvoir le contempler. C’était pour cette raison qu’Azure s’appelait ainsi : sa mère se plaisait à lui répéter qu’elle était son nouveau ciel bleu. La petite fille ferma les yeux, plongeant un instant dans ses pensées, oubliant pour un temps la faim et la soif, la pluie et le chagrin. Elle s’assoupit.
Un petit bruit la réveilla. Encore à moitié endormie, elle ne put l’identifier, mais un second, plus proche, lui permit de savoir ce qu’il se passait. Ploc. La pluie revenait. La fillette n’était qu’à quelques mètres de la Tour et l’atteindrait avant le gros du déluge. Elle ouvrit les yeux, juste à temps pour voir la goutte tomber, trop tard pour l’éviter.
Azure hurla.
Haletante, une main sur son œil droit, elle parvint péniblement à se relever, se dirigea vers la Tour, et entra.
Derrière elle, l’averse reprit de plus belle. La jeune fille avança de trois pas avant de s’écrouler, et de sombrer dans l’inconscience.
« Oh ! Petite. Te revoici parmi les vivants. »
Azure venait d’ouvrir les yeux. La première chose qu’elle ressentit fut la douleur atroce qui brouillait ses pensées. La seconde fut que quelque chose n’allait pas. Elle passa en revue chaque partie de son corps. Finalement, elle trouva l’origine de son malaise et de la souffrance : son œil droit. Elle y porta la main, et rencontra du tissu.
« Ah, oui. C’était pas joli à voir. J’ai nettoyé l’œil comme j’ai pu, mais il est possible que tu ne voies plus jamais avec. »
La phrase s’insinua lentement dans son esprit, et la petite fille commença à paniquer. Elle tenta vainement de retirer le bandage, ne parvint qu’à se griffer le visage jusqu’à ce qu’un homme vienne l’arrêter.
« Oh là, du calme, c’est loin d’être sûr, hein, je ne suis pas médecin, non plus. »
Elle regarda l’homme qui lui parlait. Il avait les cheveux blancs et courts, et une barbe, blanche également. Son visage était marqué par des rides et couvert de cicatrices. D’anciennes brûlures et des plus récentes. Azure n’avait connu que peu de personnes en dehors de ses parents, et parmi elles, Papi, le gentil Papi qui n’était jamais rentré. L’homme ressemblait à Papi. Un voyageur, sûrement, comme elle, Maman, Papa et les autres gens qu’elle avait rencontrés au fil du temps. Maman disait qu’avant, quand elle était petite et que les Tours étaient encore debout, il y avait beaucoup, beaucoup de gens. Mais quand la pluie était arrivée, la plupart étaient morts, seuls les plus chanceux avaient survécu. Maman avait expliqué très tôt ce que « être mort » signifiait.
Elle se souvint alors que Maman ne reviendrait plus non plus, comme Papi et comme Papa. Elle sanglota bruyamment tandis que le Papi murmurait quelques mots sur un ton apaisant.
Lorsqu’elle se fut calmée, il lui proposa de quoi boire et manger. Azure parcourut du regard la pièce où ils se trouvaient. Complètement vide, mis à part un tas de bois qui servirait sans doute à allumer un feu. Puis elle s’aperçut que le lierre était toujours là, n’avait pas bougé. Elle remarqua alors seulement que la pluie continuait de tomber. Mue par un réflexe naturel, la petite fille alla se réfugier dans les bras du vieil homme en tremblant.
« Tu sais, la pluie n’était pas comme ça, avant. Autrefois, ce n’était que de l’eau qui tombait du ciel. Certains même l’attendaient impatiemment. Elle faisait pousser les récoltes qui nous permettaient de survivre, elle nous fournissait l'eau dont nous avions besoin. On a pas mal écrit à son sujet – poèmes, chansons, plein de trucs. Et puis un jour les hommes en ont trop fait. Progressivement ils ont tué la terre et le ciel s’est mis en colère. Les pluies acides, c’est un peu sa vengeance. C’est pour ça que seuls les hommes, ainsi que leurs créations, la craignent. Tu sais, ajouta-t-il en voyant qu’elle ne réagissait pas, dans les vieilles mythologies, on raconte que le ciel est l'amant de la terre. Ça ne m'étonne pas qu'il ne puisse pardonner à ceux qui l'ont blessée. Mais dis-toi que ça fait longtemps que ça dure, et qu'un jour, sa rancœur passera. Elle passe toujours.»
Une Tour, non loin, s’écroula, et Azure s’agrippa de plus belle au vieil homme.
« Bon. Je vais te raconter une petite histoire, d’accord ? Oh, ça s’est passé il n’y a pas si longtemps. Un homme et sa petite fille voyageaient de concert, de Tour en Tour - comme toi et tes parents, petite. Seulement, une averse les surprit en cours de route. Ils avaient la chance d'être près d'une tour couverte de plantes, et décidèrent de la rejoindre. En trois enjambées, l'homme parvint à rejoindre le bâtiment : il était sauf. Mais lorsqu'il se retourna, il ne put apercevoir sa petite fille. Il l'attendit des heures et des heures, des jours durant, bien longtemps après que le lierre se soit retiré - bien plus longtemps que jamais aucun homme ne l'avait osé. A chaque nouvelle journée de pluie, il se protégeait comme il le pouvait, et parvenait à survivre, malgré l'état de plus en plus déplorable de la tour. Il ne voulait tout simplement pas quitter ce lieu où il avait perdu sa seule famille. Timidement, au bout de quelques temps, le lierre revint, intrigué par sa présence. Dans un langage bien à lui, il s'enquit de son chagrin. L'homme lui répondit que la pluie lui avait pris sa petite fille, et qu'il ne la verrait plus jamais. Ému, le lierre décida de l'aider, à une condition : l'homme devait accepter de servir d'hôte au lierre, pour qu'il juge ses actions. Et en échange, si l'homme ne devenait pas aussi orgueilleux et irrespectueux que ses ancêtres, il s'engageait à lui indiquer comment rejoindre la forêt, où les arbres le protègeraient de la pluie.
Tu sais ce que c’est, un arbre ? »
Mais l’enfant ne répondit pas. Dehors, l’averse avait cessé. La petite ne tremblait plus. Dans les bras du vieil homme, il faisait chaud. Elle était bien…
Azure s’éveilla au bruit des grondements. Ce n’était pas le grondement de l’orage, le puissant roulement de tonnerre qui faisait trembler la terre. Ceux-là annonçaient un autre genre de désastre. Il résonnait en eux une faim insatiable. L’enfant ouvrit les yeux, leva son regard vers les formes imposantes qui se tenaient près de l’entrée.
Elles étaient trois. Trois sombres silhouettes au museau allongé, aux oreilles en pointe, à la tête entièrement de métal, de même que leurs énormes pattes antérieures qui se terminaient par de monstrueuses griffes. Les créatures étaient grandes et élancées, debout sur leur pattes arrières. Leurs yeux jaunes brillaient dans l’obscurité.
Maman lui avait déjà parlé de ces êtres. Nés de la science des hommes, autrefois voués à la guerre, ils résultaient du croisement hybride d’un loup et d’un ours – bien qu’Azure ne sache pas ce qu’était un loup ni même un ours. Depuis l’arrivée de la pluie, ils n’avaient plus aucun but, et la folie les avait pris.
Azure voulut hurler, mais sa voix s’était envolée. Elle voulut s’enfuir, mais ses jambes étaient de plomb. Elle voulut fermer les yeux, mais ses paupières restaient obstinément ouvertes. Et elle vit les hybrides s’avancer vers elle, un pas après l’autre.
Un claquement métallique résonna dans l’air. La fillette reprit un peu ses esprits, suffisamment pour s’apercevoir que le vieil homme tentait de repousser les monstres à l’aide d’un bâton. Il se plaça entre l’enfant et les créatures, mais se fit rapidement encercler. Azure tourna le dos à la scène, se recroquevilla. Elle voulait partir loin d’ici, voir la Forêt dont parlait le Papi, ne plus avoir peur de la pluie. Ne plus avoir mal à l’œil. Elle voulait revoir Papa et Maman. Elle voulait…
La petite fille sentit une piqûre sur son bras. Elle leva les yeux. Le lierre l’avait écorchée. Une goutte de sang perla, se déposa sur la plante. Pendant quelques instants, Azure n’entendit plus rien. Puis une voix grondante et puissante, douce et frêle, résonna dans sa tête.
Le pacte est scellé. Tu rejoindras la Forêt, tu n’auras plus peur de la pluie. Ton œil ne te fera plus souffrir, et tes parents veilleront sur toi depuis tes rêves et ton sommeil. En échange, tu deviendras ma voix. Ton œil mort sera mien. Tu seras une enfant de la terre et tu soigneras les blessures qui la saignent. Je ne te quitterai plus. Je suis le lierre et la fougère, la fleur et l’arbre. Tu es Azure. Le pacte est scellé.
La voix se tut. Azure sentit quelque chose qui s’enroulait autour de ses jambes, remontait, gagnait le ventre puis le torse, s’étendait aux bras, aux poignets, aux mains, courait jusqu’à son œil droit, sous son bandage. Le lierre la recouvrait. Prise de peur, la fillette essaya de l’arracher, en vain. Elle prit conscience que les grondements, derrière elle, se rapprochaient. Paniquée, l’enfant serra son manteau de plus belle, s’enfonça dans sa capuche, ferma l’œil. Des larmes d’effroi ruisselèrent sur ses joues.
Mais les grondements se turent. Azure venait de se lever et de retirer son bandage. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Elle ne se contrôlait plus. Elle n’était qu’une spectatrice prisonnière de son propre corps. Au fond de son esprit, elle sentit la voix du lierre qui s’agitait. Qui l’enveloppait. Même ici, dans l’intimité de son âme.
Par l’œil de la petite fille, le lierre regarda les monstres, et ce qu’ils y lurent ne leur plut pas. Ils reculèrent ; il avança. Dehors, lentement, goutte à goutte, la pluie reprenait son concert. L’un des êtres reprit ses esprits. Il rugit longuement, d’un hurlement sauvage autrefois adressé à la lune. Et les autres se réveillèrent. Ils entourèrent Azure comme ils avaient entouré le vieillard. Elle se contenta de les regarder, mais cela ne suffisait plus. Alors, elle tendit une main vers la créature la plus proche. Des lianes de lierre en jaillirent, s’enroulèrent autour de sa gorge. Il y eut un craquement sonore, et il s’écroula.
La fillette possédée tourna son étrange regard vers le monstre suivant. Hébété, celui-ci recula de quelques pas avant de s’enfuir en courant. La pluie tombait toujours, dehos ; son cri résonna longtemps dans les oreilles du dernier. Il se figea tandis qu’Azure portait sur lui son attention.
« Quel est ton nom ? »
L’étrange voix du lierre mêlée à celle fluette d’Azure résonna longtemps dans la Tour. La créature aux yeux jaunes tremblait, à présent. Elle ouvrit la gueule, et répondit.
« Vah-ti-na. »
Sa voix enrouée semblait cracher les mots, comme si elle n’avait pas l’habitude d’en prononcer. Et sans doute était-ce le cas.
« Vahtina, reprit le lierre comme s’il savourait son emprise sur la créature. Aujourd'hui te sera confiée une tâche. Celle pour laquelle les hommes vous ont conçus, toi et ton peuple, et que vous avez perdu et oublié à l'arrivée de la pluie. Je veux que tu me protèges de tes semblables. »
L’hybride regarda son compagnon mort, puis inclina la tête de côté, à la manière des loups. Puis comme le lierre ne répondait rien, il acquiesça lentement.
Azure sentit le lierre desserrer son étreinte sur son esprit. Elle fit un pas en arrière, nullement rassurée par ce qui venait de se passer, et s’écroula. Bientôt, des sanglots étouffés emplirent la salle tandis que la petite fille, tremblante, se repliait sur elle-même.
« Maman… » appelait-elle dans un long murmure saccadé…
Le monstre s’approcha et s’assit lourdement près d’elle, sans un mot. La fillette, épuisée, ne tarda pas à se rendormir.
Elle émergea de sa torpeur au beau milieu de la nuit. Elle ne voyait toujours pas de l’œil droit, mais elle n’avait plus mal. Et surtout, elle venait de revoir le visage de Maman, qui souriait en lui disant d’avancer.
Elle releva la tête. Désorientée, elle observa les alentours, et son regard tomba sur Vahtina qui l’observait. Elle eut un mouvement de recul et l’étudia un moment avec méfiance. Il était trois fois plus grand et plus large qu’elle, mais ne semblait pas hostile. L’enfant s’approcha à pas lents, toujours sur ses gardes, tourna autour de lui. Elle risqua sa main vers sa fourrure rouge sombre, qu’elle trouva douce et chaude. Comme il ne réagissait pas, elle se colla bientôt tout entière contre son dos. Puis elle refit le tour, tendit vers son museau de métal, froid au toucher. La fillette se demanda un moment ce que cela faisait d’avoir une tête et des mains en acier.
« Dis, est-ce que tu peux sentir le vent sur ton visage ? » ne put-elle s’empêcher de demander. Elle aimait par dessus tout la brise du matin qui chassait les dernières gouttes de pluie. Vahtina ne répondit pas. Elle le serra dans ses bras un moment, toute peur envolée. Finalement, elle s’écarta et détourna son regard pour finir d’observer les lieux.
Azure aperçut soudain le vieil homme. Elle se leva et s’approcha de lui. Il était étendu au milieu de la pièce. Lorsqu’elle s’agenouilla près de lui, il ne respirait plus. Ses yeux fixaient le plafond de verre, comme s’ils espéraient apercevoir une silhouette familière dans le ciel. Elle ressentait du chagrin pour lui, pour elle-même, pour ses parents. Mais elle ne pleurait plus. Papa, Maman, même le Papi, ils étaient tous morts en essayant de la protéger. Elle se leva et se retourna vers Vahtina.
« Tu m’apprendrais à survivre seule ? »
L’hybride grogna un assentiment.
« Maman m’a dit une fois… qu’il fallait souvent changer d’abri. On devrait partir. »
Elle se dirigea vers la porte. Elle s’arrêta un instant, regarda la pluie qui tombait. Elle tendit sa main, et ne ressentit nulle brûlure, nulle morsure, rien que la fraîcheur de quelques gouttes d’eau. Azure sentit le lierre qui remuait contre elle. Même lui la protégeait. Lorsqu’elle donna la main à Vahtina, il grimpa le long de la patte en métal et le couvrit de même.
Alors, main dans la patte, liés par le lierre, Azure et Vahtina reprirent leur route.
Maman était partie depuis un moment, à présent. Azure, assise dans un coin sombre, son manteau serré autour d’elle, n’avait pas quitté la sortie des yeux. Un coup de tonnerre retentit, et la petite fille sursauta. Elle avait peur de l’orage. Au bout d’un moment, la pluie commença à tomber, et elle se recroquevilla, la tête entre les genoux. Au loin, elle entendait parfois le grondement sourd d’un effondrement.
Tout près de l’enfant, un morceau de plafond tomba, puis explosa en mille morceaux de verre, laissant l’averse pénétrer le bâtiment. Azure sursauta de nouveau, plus violemment, et quelques sanglots la secouèrent. Elle détestait la foudre, bien sûr, mais pas autant que la pluie. Fourbe et vicieuse, elle pouvait se glisser dans les moindres recoins. Elle vous brûlait la peau et vous gelait les os, détruisait tout sur son passage. Quand il pleuvait, on n’était jamais vraiment à l’abri.
Elle resta repliée sur elle-même longtemps après que la pluie se fut arrêtée. Lorsqu’elle releva la tête, il faisait légèrement plus clair. Elle regarda autour d’elle et constata les dégâts que l’eau avait faits : ici et là, dans les murs de verre, des trous étaient apparus, et le mobilier austère de la pièce était en miettes. Azure se releva et s’approcha du seuil de la Tour. Pendant un long moment, elle parcourut du regard la désolation qui s’étendait devant elle. Partout où elle posait les yeux, ce n’était que poussière d’un bleu scintillant qui recouvrait tantôt d’une fine couche rues et bâtiments, et qui tantôt les ensevelissait.
Un moment, elle espéra voir Maman revenir, le souffle court d’avoir couru trop vite pour éviter la prochaine averse, mais elle n’arrivait pas. La petite fille s’assit là, sur le pas de la porte, et attendit. Le jour tomba, la nuit s’éleva, s’étira, se retira enfin, laissant place à la lueur grise et morne de l'aube.
« Il faut souvent changer d’abri, avait dit une fois Maman. Le lierre protège tout ce que les gens ont abandonné. Mais quand on s'installe dans un bâtiment couvert de plantes, elles meurent et se dessèchent au bout de quelques heures. Alors, la pluie peut s'attaquer à la Tour, et tu dois changer d'abri.
- Pourquoi il fait ça ? Ça arrive à chaque fois ?
- A chaque fois, avait répondu Maman. Il faut faire avec. On n’a pas trop le choix. »
Elle avait fait une pause, puis elle avait pris Azure dans ses bras.
« D’ailleurs, si un jour je ne suis plus là et que le lierre est mort, tu devras partir sans moi. Tu me le promets ?
- Non ! Papa est pas rentré, et si tu t'en vas aussi, je serai toute seule. J'ai pas envie de rester sans toi. »
Un peu surprise d’abord, Maman avait souri devant l’air déterminé de sa fille, lui avait frotté la tête et n’avait rien dit de plus.
La petite fille se réveilla en sursaut. Elle chercha Maman du regard, ne la trouva pas. Quelques larmes roulèrent sur ses joues, puis elle fit ce qu’elle avait à faire, ce qu’elle avait refusé de promettre.
Azure se releva et, au hasard, se mit en route, hagarde
Elle déambula un moment dans les rues défoncées, au milieu de souvenirs des temps passés. Ici, une voiture sans ses roues, là un panneau enveloppé de lierre. Tout autour, à perte de vue, des Tours de verre. Certaines, rares, encore debout. La plupart effondrées ou couchées sur le sol. Mais nulle touche de vert sur aucune d’elle. Rapidement, la faim et la soif se firent sentir. Maman était partie chercher de quoi manger, mais elle n’était pas revenue. Sans doute surprise par la pluie. Elle ne la reverrait peut-être jamais. Ses yeux s’embuèrent à nouveau, mais elle ne ralentit pas.
Elle sortit sa gourde et but les dernières gouttes qu’il lui restait. Ses pieds la brûlaient – la poussière meurtrissait la peau nue. Elle marcha ainsi une heure durant. La fillette tremblait de peur à l’idée que l’averse ne reprenne. Enfin, elle aperçut, plus loin, un bâtiment couvert de verdure. Elle pressa le pas, commença à courir. Trébucha. Elle resta un moment à plat ventre, sur une surface heureusement sèche, puis roula sur le dos, tenta de se relever, mais ses jambes ne voulaient plus bouger. L’enfant retomba, exténuée, et observa le ciel.
Il était gris. Comme toujours. Foncé par endroits, presque noir ; ailleurs, il rappelait la neige. Parfois, on entrevoyait le soleil, petit disque de lumière pâle qui peinait à traverser les nuages. Maman avait dit une fois que le ciel était bleu, avant. D’un bleu profond, toujours changeant, où trônait un soleil majestueux qu’on ne pouvait pas regarder en face. Maman avait admiré ce ciel, et regrettait de ne plus pouvoir le contempler. C’était pour cette raison qu’Azure s’appelait ainsi : sa mère se plaisait à lui répéter qu’elle était son nouveau ciel bleu. La petite fille ferma les yeux, plongeant un instant dans ses pensées, oubliant pour un temps la faim et la soif, la pluie et le chagrin. Elle s’assoupit.
Un petit bruit la réveilla. Encore à moitié endormie, elle ne put l’identifier, mais un second, plus proche, lui permit de savoir ce qu’il se passait. Ploc. La pluie revenait. La fillette n’était qu’à quelques mètres de la Tour et l’atteindrait avant le gros du déluge. Elle ouvrit les yeux, juste à temps pour voir la goutte tomber, trop tard pour l’éviter.
Azure hurla.
Haletante, une main sur son œil droit, elle parvint péniblement à se relever, se dirigea vers la Tour, et entra.
Derrière elle, l’averse reprit de plus belle. La jeune fille avança de trois pas avant de s’écrouler, et de sombrer dans l’inconscience.
« Oh ! Petite. Te revoici parmi les vivants. »
Azure venait d’ouvrir les yeux. La première chose qu’elle ressentit fut la douleur atroce qui brouillait ses pensées. La seconde fut que quelque chose n’allait pas. Elle passa en revue chaque partie de son corps. Finalement, elle trouva l’origine de son malaise et de la souffrance : son œil droit. Elle y porta la main, et rencontra du tissu.
« Ah, oui. C’était pas joli à voir. J’ai nettoyé l’œil comme j’ai pu, mais il est possible que tu ne voies plus jamais avec. »
La phrase s’insinua lentement dans son esprit, et la petite fille commença à paniquer. Elle tenta vainement de retirer le bandage, ne parvint qu’à se griffer le visage jusqu’à ce qu’un homme vienne l’arrêter.
« Oh là, du calme, c’est loin d’être sûr, hein, je ne suis pas médecin, non plus. »
Elle regarda l’homme qui lui parlait. Il avait les cheveux blancs et courts, et une barbe, blanche également. Son visage était marqué par des rides et couvert de cicatrices. D’anciennes brûlures et des plus récentes. Azure n’avait connu que peu de personnes en dehors de ses parents, et parmi elles, Papi, le gentil Papi qui n’était jamais rentré. L’homme ressemblait à Papi. Un voyageur, sûrement, comme elle, Maman, Papa et les autres gens qu’elle avait rencontrés au fil du temps. Maman disait qu’avant, quand elle était petite et que les Tours étaient encore debout, il y avait beaucoup, beaucoup de gens. Mais quand la pluie était arrivée, la plupart étaient morts, seuls les plus chanceux avaient survécu. Maman avait expliqué très tôt ce que « être mort » signifiait.
Elle se souvint alors que Maman ne reviendrait plus non plus, comme Papi et comme Papa. Elle sanglota bruyamment tandis que le Papi murmurait quelques mots sur un ton apaisant.
Lorsqu’elle se fut calmée, il lui proposa de quoi boire et manger. Azure parcourut du regard la pièce où ils se trouvaient. Complètement vide, mis à part un tas de bois qui servirait sans doute à allumer un feu. Puis elle s’aperçut que le lierre était toujours là, n’avait pas bougé. Elle remarqua alors seulement que la pluie continuait de tomber. Mue par un réflexe naturel, la petite fille alla se réfugier dans les bras du vieil homme en tremblant.
« Tu sais, la pluie n’était pas comme ça, avant. Autrefois, ce n’était que de l’eau qui tombait du ciel. Certains même l’attendaient impatiemment. Elle faisait pousser les récoltes qui nous permettaient de survivre, elle nous fournissait l'eau dont nous avions besoin. On a pas mal écrit à son sujet – poèmes, chansons, plein de trucs. Et puis un jour les hommes en ont trop fait. Progressivement ils ont tué la terre et le ciel s’est mis en colère. Les pluies acides, c’est un peu sa vengeance. C’est pour ça que seuls les hommes, ainsi que leurs créations, la craignent. Tu sais, ajouta-t-il en voyant qu’elle ne réagissait pas, dans les vieilles mythologies, on raconte que le ciel est l'amant de la terre. Ça ne m'étonne pas qu'il ne puisse pardonner à ceux qui l'ont blessée. Mais dis-toi que ça fait longtemps que ça dure, et qu'un jour, sa rancœur passera. Elle passe toujours.»
Une Tour, non loin, s’écroula, et Azure s’agrippa de plus belle au vieil homme.
« Bon. Je vais te raconter une petite histoire, d’accord ? Oh, ça s’est passé il n’y a pas si longtemps. Un homme et sa petite fille voyageaient de concert, de Tour en Tour - comme toi et tes parents, petite. Seulement, une averse les surprit en cours de route. Ils avaient la chance d'être près d'une tour couverte de plantes, et décidèrent de la rejoindre. En trois enjambées, l'homme parvint à rejoindre le bâtiment : il était sauf. Mais lorsqu'il se retourna, il ne put apercevoir sa petite fille. Il l'attendit des heures et des heures, des jours durant, bien longtemps après que le lierre se soit retiré - bien plus longtemps que jamais aucun homme ne l'avait osé. A chaque nouvelle journée de pluie, il se protégeait comme il le pouvait, et parvenait à survivre, malgré l'état de plus en plus déplorable de la tour. Il ne voulait tout simplement pas quitter ce lieu où il avait perdu sa seule famille. Timidement, au bout de quelques temps, le lierre revint, intrigué par sa présence. Dans un langage bien à lui, il s'enquit de son chagrin. L'homme lui répondit que la pluie lui avait pris sa petite fille, et qu'il ne la verrait plus jamais. Ému, le lierre décida de l'aider, à une condition : l'homme devait accepter de servir d'hôte au lierre, pour qu'il juge ses actions. Et en échange, si l'homme ne devenait pas aussi orgueilleux et irrespectueux que ses ancêtres, il s'engageait à lui indiquer comment rejoindre la forêt, où les arbres le protègeraient de la pluie.
Tu sais ce que c’est, un arbre ? »
Mais l’enfant ne répondit pas. Dehors, l’averse avait cessé. La petite ne tremblait plus. Dans les bras du vieil homme, il faisait chaud. Elle était bien…
Azure s’éveilla au bruit des grondements. Ce n’était pas le grondement de l’orage, le puissant roulement de tonnerre qui faisait trembler la terre. Ceux-là annonçaient un autre genre de désastre. Il résonnait en eux une faim insatiable. L’enfant ouvrit les yeux, leva son regard vers les formes imposantes qui se tenaient près de l’entrée.
Elles étaient trois. Trois sombres silhouettes au museau allongé, aux oreilles en pointe, à la tête entièrement de métal, de même que leurs énormes pattes antérieures qui se terminaient par de monstrueuses griffes. Les créatures étaient grandes et élancées, debout sur leur pattes arrières. Leurs yeux jaunes brillaient dans l’obscurité.
Maman lui avait déjà parlé de ces êtres. Nés de la science des hommes, autrefois voués à la guerre, ils résultaient du croisement hybride d’un loup et d’un ours – bien qu’Azure ne sache pas ce qu’était un loup ni même un ours. Depuis l’arrivée de la pluie, ils n’avaient plus aucun but, et la folie les avait pris.
Azure voulut hurler, mais sa voix s’était envolée. Elle voulut s’enfuir, mais ses jambes étaient de plomb. Elle voulut fermer les yeux, mais ses paupières restaient obstinément ouvertes. Et elle vit les hybrides s’avancer vers elle, un pas après l’autre.
Un claquement métallique résonna dans l’air. La fillette reprit un peu ses esprits, suffisamment pour s’apercevoir que le vieil homme tentait de repousser les monstres à l’aide d’un bâton. Il se plaça entre l’enfant et les créatures, mais se fit rapidement encercler. Azure tourna le dos à la scène, se recroquevilla. Elle voulait partir loin d’ici, voir la Forêt dont parlait le Papi, ne plus avoir peur de la pluie. Ne plus avoir mal à l’œil. Elle voulait revoir Papa et Maman. Elle voulait…
La petite fille sentit une piqûre sur son bras. Elle leva les yeux. Le lierre l’avait écorchée. Une goutte de sang perla, se déposa sur la plante. Pendant quelques instants, Azure n’entendit plus rien. Puis une voix grondante et puissante, douce et frêle, résonna dans sa tête.
Le pacte est scellé. Tu rejoindras la Forêt, tu n’auras plus peur de la pluie. Ton œil ne te fera plus souffrir, et tes parents veilleront sur toi depuis tes rêves et ton sommeil. En échange, tu deviendras ma voix. Ton œil mort sera mien. Tu seras une enfant de la terre et tu soigneras les blessures qui la saignent. Je ne te quitterai plus. Je suis le lierre et la fougère, la fleur et l’arbre. Tu es Azure. Le pacte est scellé.
La voix se tut. Azure sentit quelque chose qui s’enroulait autour de ses jambes, remontait, gagnait le ventre puis le torse, s’étendait aux bras, aux poignets, aux mains, courait jusqu’à son œil droit, sous son bandage. Le lierre la recouvrait. Prise de peur, la fillette essaya de l’arracher, en vain. Elle prit conscience que les grondements, derrière elle, se rapprochaient. Paniquée, l’enfant serra son manteau de plus belle, s’enfonça dans sa capuche, ferma l’œil. Des larmes d’effroi ruisselèrent sur ses joues.
Mais les grondements se turent. Azure venait de se lever et de retirer son bandage. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Elle ne se contrôlait plus. Elle n’était qu’une spectatrice prisonnière de son propre corps. Au fond de son esprit, elle sentit la voix du lierre qui s’agitait. Qui l’enveloppait. Même ici, dans l’intimité de son âme.
Par l’œil de la petite fille, le lierre regarda les monstres, et ce qu’ils y lurent ne leur plut pas. Ils reculèrent ; il avança. Dehors, lentement, goutte à goutte, la pluie reprenait son concert. L’un des êtres reprit ses esprits. Il rugit longuement, d’un hurlement sauvage autrefois adressé à la lune. Et les autres se réveillèrent. Ils entourèrent Azure comme ils avaient entouré le vieillard. Elle se contenta de les regarder, mais cela ne suffisait plus. Alors, elle tendit une main vers la créature la plus proche. Des lianes de lierre en jaillirent, s’enroulèrent autour de sa gorge. Il y eut un craquement sonore, et il s’écroula.
La fillette possédée tourna son étrange regard vers le monstre suivant. Hébété, celui-ci recula de quelques pas avant de s’enfuir en courant. La pluie tombait toujours, dehos ; son cri résonna longtemps dans les oreilles du dernier. Il se figea tandis qu’Azure portait sur lui son attention.
« Quel est ton nom ? »
L’étrange voix du lierre mêlée à celle fluette d’Azure résonna longtemps dans la Tour. La créature aux yeux jaunes tremblait, à présent. Elle ouvrit la gueule, et répondit.
« Vah-ti-na. »
Sa voix enrouée semblait cracher les mots, comme si elle n’avait pas l’habitude d’en prononcer. Et sans doute était-ce le cas.
« Vahtina, reprit le lierre comme s’il savourait son emprise sur la créature. Aujourd'hui te sera confiée une tâche. Celle pour laquelle les hommes vous ont conçus, toi et ton peuple, et que vous avez perdu et oublié à l'arrivée de la pluie. Je veux que tu me protèges de tes semblables. »
L’hybride regarda son compagnon mort, puis inclina la tête de côté, à la manière des loups. Puis comme le lierre ne répondait rien, il acquiesça lentement.
Azure sentit le lierre desserrer son étreinte sur son esprit. Elle fit un pas en arrière, nullement rassurée par ce qui venait de se passer, et s’écroula. Bientôt, des sanglots étouffés emplirent la salle tandis que la petite fille, tremblante, se repliait sur elle-même.
« Maman… » appelait-elle dans un long murmure saccadé…
Le monstre s’approcha et s’assit lourdement près d’elle, sans un mot. La fillette, épuisée, ne tarda pas à se rendormir.
Elle émergea de sa torpeur au beau milieu de la nuit. Elle ne voyait toujours pas de l’œil droit, mais elle n’avait plus mal. Et surtout, elle venait de revoir le visage de Maman, qui souriait en lui disant d’avancer.
Elle releva la tête. Désorientée, elle observa les alentours, et son regard tomba sur Vahtina qui l’observait. Elle eut un mouvement de recul et l’étudia un moment avec méfiance. Il était trois fois plus grand et plus large qu’elle, mais ne semblait pas hostile. L’enfant s’approcha à pas lents, toujours sur ses gardes, tourna autour de lui. Elle risqua sa main vers sa fourrure rouge sombre, qu’elle trouva douce et chaude. Comme il ne réagissait pas, elle se colla bientôt tout entière contre son dos. Puis elle refit le tour, tendit vers son museau de métal, froid au toucher. La fillette se demanda un moment ce que cela faisait d’avoir une tête et des mains en acier.
« Dis, est-ce que tu peux sentir le vent sur ton visage ? » ne put-elle s’empêcher de demander. Elle aimait par dessus tout la brise du matin qui chassait les dernières gouttes de pluie. Vahtina ne répondit pas. Elle le serra dans ses bras un moment, toute peur envolée. Finalement, elle s’écarta et détourna son regard pour finir d’observer les lieux.
Azure aperçut soudain le vieil homme. Elle se leva et s’approcha de lui. Il était étendu au milieu de la pièce. Lorsqu’elle s’agenouilla près de lui, il ne respirait plus. Ses yeux fixaient le plafond de verre, comme s’ils espéraient apercevoir une silhouette familière dans le ciel. Elle ressentait du chagrin pour lui, pour elle-même, pour ses parents. Mais elle ne pleurait plus. Papa, Maman, même le Papi, ils étaient tous morts en essayant de la protéger. Elle se leva et se retourna vers Vahtina.
« Tu m’apprendrais à survivre seule ? »
L’hybride grogna un assentiment.
« Maman m’a dit une fois… qu’il fallait souvent changer d’abri. On devrait partir. »
Elle se dirigea vers la porte. Elle s’arrêta un instant, regarda la pluie qui tombait. Elle tendit sa main, et ne ressentit nulle brûlure, nulle morsure, rien que la fraîcheur de quelques gouttes d’eau. Azure sentit le lierre qui remuait contre elle. Même lui la protégeait. Lorsqu’elle donna la main à Vahtina, il grimpa le long de la patte en métal et le couvrit de même.
Alors, main dans la patte, liés par le lierre, Azure et Vahtina reprirent leur route.
Hi there. This is the very first time that I post a story on Deviant Art, there may be some bugs due to my legendary lack of skills with things I don't know yet.
So, here's Azure, an old tale now, that I wrote a few years ago. I'm sorry it's in French, it's the only language I feel comfortable enough with to write a complete story. Actually, I don't really know why I bother writing this comment in (bad) English, since people who can understand Azure would surely understand a French description of it. Well, that's the mysterious way my mind is walking on.
Anyway, Azure has a special place in my heart, and that's why this is the first story I want to show you. It proved me long ago that I can turn every obligation someone requires me to follow to make something my way, something I could be proud of. It may not seem that much important (it was not even a strong obligation, actually I only had to write the story of a character who doesn't like rain), but it made me realise I had my own voice, my own style and that I was no longer a mere copy of the things I read.
That's why I'm glad to show you Azure today. I hope you enjoy the story !
PS : My avatar is a picture of Azure made by Kei-san77. Check her gallery, she makes cool stuff !
So, here's Azure, an old tale now, that I wrote a few years ago. I'm sorry it's in French, it's the only language I feel comfortable enough with to write a complete story. Actually, I don't really know why I bother writing this comment in (bad) English, since people who can understand Azure would surely understand a French description of it. Well, that's the mysterious way my mind is walking on.
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