Le baiser de Salem by Carnivorousbrain666, literature
Literature
Le baiser de Salem
Le baiser de Salem
Dans la nuit calme et froide, un battement de cœur
Vient de se faire entendre et semble anéantir
Le vide environnant. L’auditeur, sans sourire,
Ecrase ses tympans, souffrant grande terreur.
Il recule d’un pas, regarde avec horreur
La vaste obscurité d’où s’échappe un soupir.
L’espoir vient de s’éteindre ainsi que l’avenir,
Il aurait dû s’enfuir, c’est là sa seule erreur.
Froissement d’une peau, tintement d’une dent,
Un sentiment glacé qui affirme sa prise.
Le jour ne viendra plus caresser la rétine.
Il a beau se signer, le mal est trop ardent
Pour se laisser chasser, pour lâcher son emprise,
Abandonner sa proie et son hémoglobine.
La guerre de naguere fait de demain un nouvel hier by Carnivorousbrain666, literature
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La guerre de naguere fait de demain un nouvel hier
La guerre de naguère fait de demain un nouvel hier
Les plaies baignées de sang, les doigts couverts de larmes,
Ils marchent sur la plaine où le soleil se meurt,
Foulant de leurs pieds noirs le charnier que leurs sœurs
Ont rempli de leurs corps, abandonnant leurs charmes
Sous les balles rouges et le tranchant des armes.
La nuit est déjà là, enfoncée dans leurs cœurs,
Tuant leurs sentiments et donnant à leurs peurs
Les noms de leurs enfants, ces âmes du vacarme.
La défaite, toujours, du peuple est la maîtresse,
Cinglante dans ses maux, incapable d’aimer
Cette vie qui palpite et implore le sort.
Dans le silence ultime où s’éteint l’allégresse,
Sa main squelettique saisit l’or mal aimé
D’une chevelure pour couronner la mort.
Un silence imposant a pris place sur terre.
Il a tout écrasé, prenant l’humanité
Et la jetant au loin. Tout ce qui a été,
Nos pensées, nos amours, nos haines et nos guerres,
Toutes nos possessions, tout n’est plus que poussière.
Nous nous croyions si forts… Quelle imbécilité !
Nous agissions sans frein… Quelle témérité !
Notre chair n’avait pas la dureté des pierres.
L’oubli n’a pas de sens car nous n’existons pas.
Nos murs ont disparu… nos fenêtres aussi…
Pour l’univers entier, nous n’avons jamais vu
Le jour, la nuit, la vie… Nous sommes la bévue
Qu’on ne remarque plus et cette prophétie
Illisible et perdue… un pied sans aucun pas…
Limbo from Danemark by Carnivorousbrain666, literature
Literature
Limbo from Danemark
Limbo from Danemark
Les yeux entrouverts sur l’obscurité
D’un monde étranger. La voix qui se fige,
L’esprit douloureux, j’en ai le vertige,
Je tombe si bas… une éternité.
Le froid entre en moi, prend l’humanité,
La jette dehors. Pas même un vestige.
Je quitte le sol, percé par les tiges
De fleurs estropiées. Dieu est donc athée ?
J’ai tout oublié. Me mets à marcher
Vers cet inconnu qui ne sourit pas.
Les limbes sont là, tout autour de moi,
Me criant : avance, horrible siamois
D’une ombre perdue ! Un pas, un trépas…
Le sort est cruel… il aime mâcher…
Entends battre mon cœur. Déchiffre son message.
Il remplace mes mots par la langue authentique
De ma chair… de ses plaies… son chant est frénétique,
Il chevauche mes sens et me mène au carnage.
Le temps est en retard, il m’a laissé moins sage
Et, dans le sable blanc, mes genoux rachitiques
S’enfoncent lentement. Mon amour platonique
Pour les Nornes n’est plus… Ne me reste que rage.
Mon cerveau assoiffé a remplacé l’eau fraîche
Par un sang bouillonnant. Je suis fils du déluge
Qui noie tout ce qui fut pour rendre le néant
À notre humanité. L’avenir déchéant
N’a plus de raison d’être et le pauvre démiurge
A l’âme déchirée et les pupilles sèches.
L’esclave mourant offre son fantôme
Au dieu revanchard, empereur nocturne
Qui n’a de pitié qu’au fond de nos urnes,
Ces vases brisés d’où coule le baume
Qui guérit les plaies et les hématomes
Laissés par nos coups. Enfant taciturne,
Écoute nos cris et sous l’astre diurne
Tu pourras enfin devenir un homme.
Libre à toi, alors, de prendre un chemin
Éloigné du nôtre et de t’envoler
Pour un paradis où plus rien ne brûle…
Mais n’oublie jamais que tes lendemains
Succèdent aux jours que l’on t’a volé,
Que l’être divin n’est qu’un somnambule…
Il y a beaucoup de cons, c’est une vérité
Qui fait bien mal au cœur, nous enterrera tous.
Quand un enfant se meurt, c’est notre mort qui glousse.
Et se moque de nous avec obscénité.
Ce petit corps brisé, c’est notre vanité
Qu’un vieux soldat pervers assassine et détrousse.
Ce qui, finalement, nous unit est la frousse,
Un symbole commun, marqueur d’identité.
Les dieux de notre espèce ont égaré l’espoir
Qui les faisait tenir, sanctionnait leur mission,
Donnait à leurs efforts un sens, une innocence
Qui n’est plus qu’un cadavre auréolé de noir.
Ils se sont suicidés face à l’aberration
Qu’est devenu l’humain, cette folle indécence.
A Madame Anne... by Carnivorousbrain666, literature
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A Madame Anne...
À Madame Anne...
Le sang s’en est allé en un dernier sursaut,
Abandonnant les cœurs qui lui étaient fidèles.
Le destin, ce censeur, est parfois si cruel...
Il nous prive d’amour et de livres, ce sot !
Lestat, Louis et Claudia, menaient nous dans l’assaut
Contre cette amnésie qui, dans une poubelle,
Voudrait jeter nos vies et nos pensées si belles.
À sa nuit, pour toujours, nous resterons vassaux.
Madame Rice, hélas ! vient de nous reléguer
Aux larmes et sanglots des pauvres suppliciés
Qui n’ont plus de maison pour abriter leurs rêves.
Heureusement pour nous qu’Anne nous a légué
La beauté de ses mots et l’esprit qui leur sied,
Donnant à nos douleurs la plus charmante trêve.