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Assise en tailleur, un sabre posé sur les genoux, Narumi Kayla Chikushou, surnommée Dame Écarlate, contemple la ville qu'elle fut une fois forcée de quitter. Le soleil couchant se reflétant sur les bâtiments leur donnait une apparence de spectres de feu. Les yeux fixés sur l'empire qui aurait dû lui appartenir un jour, la femme aux yeux vairons laissa un flot de souvenirs la submerger. Elle repensa aux années d'errances où elle se prostitua pour pouvoir payer son apprentissage de guerrière puis à son embauche auprès des Patriarches, comme guerrière et espionne, des années plus tard. En ces temps troublés, on l'envoya partout sur l'île de Bru

4. Dark ~ Showtime En face de moi, le type jette un œil au public, se tord les mains dans tous les sens. Son visage peinturluré pour l'occasion jette des regards fuyants aux caméras puis à nouveau au public qui nous entoure de toutes parts. - Vous... vous êtes sûr que tout va bien se passer ? Posant le miroir dans lequel je m'examinais alors, je lui adresse mon plus beau sourire. - Ne vous inquiétez pas. Après tout, ici, le public du plateau est séparé par une grille. Une grille. Comme au cirque. Dans mon oreillette, la voix d'une maquilleuse se met soudain à retentir. - On a un problème avec le toxico. - Quoi encore ? - Il veut pa

En t-shirt élimé et en jeans, j'engloutissais ma première tasse de café du matin. Le petit appart-cocon dans lequel je vivais était désert, ni Paula ni Elisa ne semblaient s'y trouver. Pour être sûr, je les ai appelées en vain. Le fait qu'elles soient parties ne n'inquiétaient pas... c'était plus le fait qu'elles soient parties ensemble qui me paraissait anormal. Un jour, il y a quelques années, je m'étais réveillé sans Paula. Le soir même, des amis que nous avions invité à sortir me demandèrent où elle était passée. - Je n'en ai aucune idée. - Et cela ne te pose pas problème ? Je me souviens avoir souri. - Absolument pas. - Elle pourra

Et lorsque le chef d'orchestre lève les bras Tu revis encore un peu Je te vois penché sur ton bureau Plein de fièvre et d'alcool Tissant le voyage de tes sons Tu composes Ta musique est un océan Et lorsque l'orchestre se met à jouer La moindre note est une larme La partition n'est pas aussi blanche qu'elle n'y paraît Elle est faite de ton sel, ton sang et ta chaux Le moindre faux pas et tu t'écroules La moindre fausse note et tu te noies Les musiciens transportent ton oeuvre Mais la moindre erreur te tuera Il n'y a pas de vie plus instable Que celle d'un souvenir A travers ton grand esprit

La fête bat son plein. Tout autour de moi dansent les lumières, et une musique sourde semble transpirer des murs. Seule au milieu des danseurs, je me trémousse puis m'arrête, comme en pause. Le monde continue de tourner, mais j'ai stoppé mon monde. Depuis que j'ai cessé de dormir, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour que reposer mon esprit. J'ai récemment lu un article de journal à propos d'un type qui avait aussi de la peine à faire taire le tourbillon de ses pensées. Il s'est enfoncé un clou dans le crâne. Vous le croyez, vous ? Depuis que j'ai cessé de dormir, cette boîte est devenue ma seconde maison. J'y passe toutes mes nuits, sans

C'est dingue de voir à quelle vitesse une vie peut de fragmenter. L'instant d'avant, on étais tous les quatre dans la voiture. Neal conduisait, Jack roupillait sur la banquette arrière, Jeanne faisait de même dans le coffre et moi, j'étais à la place du mort. On roulait sur un petit rail de béton, entre une forêt immense et des champs que plus personne n'utilisait depuis longtemps. On était partis tous les quatre un beau soir, sur un coup de tête. Pourtant ce départ avait un sens : celui d'une évasion qui pourrait peut-être répondre à nos ques

Premier janvier au soir. Des images dans la tête, du plomb dans le corps. Mon estomac - qui criait famine avant - se tord de douleur. Sans doute le bouillon qui ne passe pas. Devant l'ordi, en chemise de nuit à peu près propre. Mes mains reviennent sans cesse à mon crâne si je ne les en empêche pas. J'éprouve le besoin de parler à chaque fois que j'effectue un geste. Ça a au moins le mérite de ne pas me faire oublier ce que j'étais en train de faire. Ai tenté de recopier du vocabulaire d'allemand. Tenté seulement. L'impression que mon cerveau est parti en vacances sans me lai

Lettre de suicide du dénommé Karl F. : "Je vis dans l'idée que chaque vie possède sa Rupture. Celle-ci peut apparaître sous forme d'une séparation, d'une maladie ou d'une simple prise de conscience. Quoiqu'il en soit, la Rupture marque la fin de quelque chose. L'Ultime Rupture, c'est la Mort. Et la Mort a un nom. Le mien. Il y eut plusieurs Ruptures dans ma vie, mais celle qui a vraiment tout changé fût la mort de celle qui était ma femme. Et cette mort, c'est moi qui l'a provoquée. "Blesse-moi." "Encore." "C'est tout ce que t'as ? Même moi je pourrais faire mieux." Puis l'apothéose. "Pends-moi." Le R, elle l'avait oublié intention